Édito du président de S.O.S Amitié Paris Île-de-France

Chers amis de S.O.S Amitié Paris Île-de-France,

Chaque nouvelle année est l’occasion de prendre de bonnes résolutions. Pendant la pandémie le monde d’après a beaucoup été invoqué sous la forme d’un monde plus solidaire, plus bienveillant. On peut attendre que ce monde arrive ou le construire, chacun à sa place et avec ses moyens. S.O.S Amitié écoute toutes les solitudes et toutes les souffrances psychiques de jour comme de nuit. Serez-vous des nôtres en 2023 soit comme écoutant, soit comme donateur ?

Plus qu’une crise, une transformation du bénévolat

Le dernier « Baromètre du bénévolat » de France Bénévolat montre que le taux d’engagement des Français dans le bénévolat est passé de 24% en 2019 à 20% en 2022, ce qui représente 4 millions de bénévoles en moins. Parmi ces 4 millions qui ont quitté leur activité pendant la pandémie, seul 1/3 d’entre eux l’ont reprise. Dans le même temps, plus de 1 million de bénévoles se sont engagés soit pour la première fois, soit vers de nouvelles activités. Il y a donc en effet des raisons d’être optimistes.

La mission de S.O.S Amitié toujours aussi nécessaire

Si la crise du Covid a bousculé nos vies, elle a surtout confirmé notre mission : nous recevons toujours 30 % d’appels en plus par rapport à 2019 alors que l’année 2022 n’a connu aucune restriction. Rien que pour la nuit de Noël, nous avons constaté une hausse de 31 % des appels par rapport à l’année précédente.

La solitude qui était la cause principale de nos appels avant 2019 est maintenant remplacée par le mal-être et la souffrance. Comme ne cessent de le constater les rapports épidémiologistes de «Santé Publique France», une part importante de nos concitoyens va mal et nous le ressentons tous les jours dans nos appels.

Nous en avons aussi la confirmation de façon surprenante avec les appels de jeunes : ceux-ci étaient très rares avant 2019. Ils étaient plus courants sur nos lignes de chat et de mail. Ce qui renforçait la pertinence de ces outils numériques pour leur permettre de s’exprimer.

Mais alors que cette tranche d’âge ne semble toujours pas avoir d’appétence pour les appels téléphoniques, ils représentent maintenant 17 % de nos appels. Article Europe 1 S.O.S Amitié : les jeunes de plus en plus touchés par la solitude.

La voix, la parole mais surtout celle qui est écoutée et entendue gratuitement et sans jugement semble devenir une inédite nécessité pour les plus souffrants d’entre eux.

L’importance du recrutement

La publication prochaine par notre fédération des chiffres 2022 de l’Observatoire des souffrances psychiques nous permettra d’affiner ce constat pour 2022.

S’ils sont confirmés, ils nous montreront que la crise du Covid n’aura pas été qu’une mauvaise période à passer mais qu’il y a aura eu un avant et un après. Nos 30 % d’appels en plus deviendront habituels.

Nous ne pouvons pas nous contenter de ces chiffres : s’ils sont devenus habituels, nous ne devons pas les considérer comme normaux. C’est pour cette raison que nous devons renforcer notre présence à l’écoute et continuer notre effort de recrutement.

L’engagement à S.O.S Amitié

Trois récents reportages donnent à voir ou à entendre notre activité : L’émission « Infrarouge » de France 2, et deux podcasts de AirZen et FriendShip.

Ils explorent chacun à leur manière la mission de S.O.S Amitié, son histoire, l’écoute accueillante et sans jugement, la diversité des appels, mais aussi la personnalité des bénévoles et leur engagement. Que vous soyez futur candidat ou futur donateur, ils vous donneront une image fidèle de ce qu’on appelle l’écoute non directive, centrée sur celui qui appelle.

Ils répondront aussi à la question des compétences : non, il n’y a pas besoin d’avoir des connaissances ou une expérience en psychologie pour envoyer votre candidature.

La force de la formation

Toute la formation est incluse au départ de votre engagement. Elle est complète, dure plusieurs mois pour vous préparer à toutes les situations. Elle continue ensuite sous la forme de groupes de parole réguliers tout au long de votre vie d’écoutant. Vous y prendrez aussi sans doute très vite des responsabilités : toutes les fonctions dans les postes d’écoute sont assurées par les écoutants eux-mêmes. Les formations, elles, sont effectuées par des professionnels de la psychologie que l’association rémunère ce qui nous permet de maintenir dans le temps la qualité et l’actualité de cette formation.

Vous y découvrirez aussi un collectif : si l’écoute est solitaire, le poste et le contact des autres écoutants du poste permettent d’échanger sur sa pratique, d’apprendre de l’expérience des autres, de se soutenir lorsqu’un appel a été difficile.

L’adaptation

Nous avons fait évoluer nos pratiques pour répondre aux nouvelles attentes du bénévolat. Les écoutes peuvent ainsi maintenant se pratiquer du domicile, ce qui offre plus de confort d’organisation et dans certains cas plus de sécurité notamment pour les écoutes de nuit. Ce qui n’est pas sans conséquence : le « télé-bénévolat » sans accompagnement peut aussi isoler les bénévoles et les couper de leur mission ou de leur motivation. Nous avons lancé une grande enquête auprès de 300 écoutants d’Île-de-France et nous allons tout au long de l’année 2023 étudier et expérimenter des dispositifs pour renforcer la cohésion et les liens entre les bénévoles.

Qu’en retirerez-vous ?

Plus d’écoute : c’est bien ce que font 24h/24, 7J/7 et 365 jours par an les écoutantes et les écoutants. Sans idéalisme, l’écoute ne sauvera pas le monde, mais sans défaitisme non plus : chaque personne écoutée, chaque personne aidée est un pas vers ce monde d’après que nous avons tous souhaité. Et le besoin est là : nous décrochons sur la France entière plus de 600 000 appels (dont chats et mails) par an. Et puis et c’est peut-être le plus important, lorsqu’on interroge les bénévoles, lorsqu’ils quittent l’association, en majorité ils nous disent qu’ils ont surtout appris sur eux-mêmes. Ce chemin intérieur est très personnel et il montre que si l’écoute apporte à celui qui appelle, elle apporte aussi au long terme à celui qui écoute. Alors pour 2023, vous vous sentez prêts à nous rejoindre ou à nous soutenir financièrement ?

Laurent Le Boterve
Président S.O.S Amitié Paris Île-de-France