Appels de jeunes : forte augmentation

Face aux inquiétudes liées au Covid, à la guerre en Ukraine et à la crise climatique, S.O.S Amitié Paris Île-de-France constate une forte augmentation d’appels de jeunes et se mobilise pour y répondre.

Pendant la crise sanitaire du Covid 19, l’Observatoire des souffrances psychiques avait mis en avant la faible proportion des appels téléphoniques de jeunes, qui semblaient alors préférer les interactions via mail ou chat. Si ces deux derniers moyens de communication restent privilégiés des moins de 25 ans, depuis 2021, on observe une plus grande proportion de leurs appels téléphoniques.

Les 15-24 ans représentent 17% des appelants au téléphone de S.O.S Amitié, alors même que cette tranche d’âge représente 12% des Français. L’observation est d’autant plus marquante que les jeunes ont tendance à être considérés comme des phobiques de la conversation téléphonique.

Des jeunes tournés vers le digital...

Ayant grandi avec les nouvelles technologies d’information et de communication, ces natifs du digital – communément appelés les digital natives en anglais – ont développé des pratiques interactionnelles riches et éloignées des habitudes permises par le téléphone. Ainsi, ils utilisent les services de messagerie instantanée leur permettant de mener des conversations asynchrones, de répondre quand bon leur semble, de garder un historique de conversation et d’interagir avec plusieurs personnes en même temps et sur plusieurs applications différentes. Ils considèrent généralement que les appels téléphoniques sont trop intrusifs et chronophages. Mais finalement, si les jeunes montrent un dédain, voire un rejet de l’appel téléphonique, c’est peut-être tout simplement parce qu’ils ont des moyens plus efficaces et adaptés pour échanger avec leurs proches au quotidien.

... mais qui nous contactent par téléphone...

De fait, quand ils en ont réellement besoin, les jeunes n’hésitent pas à décrocher le téléphone : celui-ci n’est pas rejeté, mais il est le moyen de communication de l’urgence.

Ici, le rôle de S.O.S Amitié reprend tout son sens pour cette population. Le fait que S.O.S Amitié soit à contre-courant des valeurs des réseaux sociaux, qui invitent à tout montrer et tout dire, peut justement attirer les jeunes : c’est un refuge, un sanctuaire de la conversation, dont les jeunes ont particulièrement besoin actuellement. En effet, d’après la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques et Santé Publique France, la santé mentale des jeunes s’est largement dégradée depuis la fin de la crise sanitaire. Les recommandations de la Haute Autorité de Santé convergent pour soutenir une prévention du suicide des jeunes, en s’appuyant sur les acteurs du réseau dans le but de repérer les risques et assurer une meilleure prise en charge.

... souvent avec des pensées suicidaires

Par téléphone, 28% des jeunes qui appelaient S.O.S Amitié évoquaient le suicide en 2021, contre 14% pour les plus de 25 ans. Plus de détails dans l’Observatoire S.O.S Amitié des souffrances psychiques, page 11. Les jeunes ont des conversations plus courtes et appellent en général quand ils ressentent une nécessité absolue de s’exprimer et d’être entendus. Notre vigilance doit donc être encore plus grande : leurs minutes d’attention sont comptées et le niveau d’urgence plus important.

Dans cette perspective, S.O.S Amitié Paris Île-de-France poursuit encore cette année son action, réaffirme son écoute généraliste et sa vocation à promouvoir une attitude d’écoute mutuelle au sein de la société.