UNE LONGUE HISTOIRE
S.O.S Amitié est né en 1960 en Île-de-France, à Boulogne et s’appelait alors “SOS l’amitié au téléphone” avec un numéro de l’époque : VAL 70 50.
Ouvrir un service d’aide et d’écoute 24h/24 pour lutter pour la prévention du suicide, contre la solitude et toutes les formes de souffrances psychiques, était audacieux. Il faut en effet rappeler qu’en 1960 seulement 9% des foyers français disposaient d’un téléphone.
Mais le succès fut immédiat : 3 ans après son ouverture, il y avait 70 bénévoles qui répondaient à 30 000 appels par an. Bien des choses ont changé depuis ces années. Les moyens de communication pour rester en contact avec ses proches, même éloignés ou faire de nouvelles connaissances, sont nombreux : messagerie, tchat, forum, visio et disponibles 24h/24.
Des lignes téléphoniques d’aide sont apparues : il y en a maintenant quasiment pour chaque situation ou pour chaque catégorie de population. Le site psycom en recense plus de 120.
LA PLACE DE S.O.S AMITIÉ AUJOURD’HUI
Est-ce que S.O.S Amitié est devenue pour autant obsolète ? Non. Depuis notre création, de multiples postes d’écoute à travers la France se sont créés, le nombre de bénévoles n’a cessé d’augmenter, tout comme le nombre de nos appels : nous sommes maintenant plus de 2 000 écoutants et nous avons décroché plus de 600 000 appels en 2024, ce qui représente plus de 200 000 heures d’écoute.
S.O.S Amitié Paris Île-de-France prend une part importante dans cette croissance : nous sommes 350 écoutants et nous avons décroché 92 000 appelsen 2024. Et nous pouvons raisonnablement penser que nous ne sommes pas sur un pic : le nombre de sollicitations sur notre plateforme téléphonique augmente de 200.000 tentatives par an et ceci depuis plusieurs années.
S.O.S AMITIÉ EST TOUJOURS UN BON THERMOMÈTRE DE LA SOCIÉTÉ
Il faudra attendre le début de cet été pour voir si les typologies des appels ont évolué. Mais d’autres signaux nous font penser que la demande ne faiblira pas :
• Le dernier rapport de l’Observatoire National du Suicide constate après plusieurs décennies de baisse, une hausse de la mortalité par suicide en particulier chez les hommes âgés et chez les jeunes femmes.
• L’association Astrée dans son dernier baromètre 2025 de la solitude constate que la proportion de Français souffrant de solitude chronique reste inquiétante : 17% en 2024 alors qu’elle était de 13 % avant la crise sanitaire. L’étude constate aussi les dégâts de cette solitude : 65 % de ceux qui souffrent de solitude chronique ont déjà envisagé de mettre fin à leurs jours, soit deux fois plus que la moyenne nationale.
• Même constat convergent à la Fondation de France dans son étude annuelle : 1 personne interrogée sur 5 indique se sentir régulièrement seule (21%). Parmi elles, 83% souffrent de cette situation, un chiffre en progression de 4 points par rapport à 2020.
DES RAISONS D’ESPÉRER ?
Ces données confirment que la demande vers S.O.S Amitié ne va pas faiblir en 2025. Elles peuvent paraître en première lecture démoralisantes, donnant l’impression d’un tonneau de solitude et de souffrance sans fond. Mais il ne faut pas oublier que pour chacun de ces 600 000 appels que nous avons décrochés, il y avait à chaque fois un écoutant, une écoutante, qui s’est mobilisé(e), a pris de son temps pour quelqu’un qu’elle ou il ne connaissait pas.
Et elles et ils le font toujours bénévolement et se relaient 24 heures sur 24, 365 jours par an, même les nuits de réveillon de Noël ou du jour de l’an. Beaucoup d’associations se plaignent de leur difficulté de recrutement, difficulté que nous connaissons aussi.
Mais force est de constater que la solidarité existe toujours, qu’elle est toujours une valeur : nous n’avons jamais eu autant d’écoutants et nous avons toujours des candidats pour renforcer nos équipes.
Ce n’est pas banal pour une association de fêter ses 65 ans : ce sont 65 ans de prévention du suicide, 65 ans d’écoute de la solitude, des souffrances psychiques, mais aussi 65 ans de solidarité, d’engagement, d’empathie, d’écoute et le tout gratuitement.
Ces valeurs, les bénévoles les mettent en pratique et se les transmettent depuis toutes ces années. Cet anniversaire, c’est donc aussi celui de toutes les écoutantes et écoutants qui se sont succédé depuis 1960. Et non seulement nous espérons mais nous savons que d’autres prendront le relai.
